Archéobois est un bureau d’étude spécialisé en dendrochronologie. Basé dans les Bouches-du-Rhône, il réalise en parallèle des identifications xylologique et anthracologique. Sa dirigeante et chercheuse principale, Stéphanie Wicha, nous évoque son parcours.
Pouvez-vous présenter en quelques mots ?
Très tôt je me suis passionnée pour l’archéologie, j’ai commencé par le terrain au sein du département d’archéologie de Villejuif. Puis au fil des rencontres et de mes intérêts je me suis spécialisée dans l’étude des bois avec tout d’abord un diplôme à l’EHESS de Paris, dont le sujet était le bois et la marine, de la forêt jusqu’au chantier naval sur l’exemple de l’arsenal de Toulon. En parallèle, j’ai suivi une formation d’Expert Micrographe des Bois à l’Université de Paris VII. Puis, j’ai intégré le programme dendrochronologie et épave antique dirigée par Patrice Pomey. Dans ce cadre j’ai réalisé une thèse pluridisciplinaire en dendrochronologie, xylologie et architecture navale, que j’ai soutenue en 2005.
Votre entreprise en quelques mots ?
J’ai créé mon entreprise Archéobois en 2010, alors que je revenais d’un post doctorat réalisé à Québec. Après une absence de 6 ans, cette entreprise était l’occasion de renouer avec mon milieu et m’a offert la liberté de répondre à des projets variés. En effet, l’intérêt de ma spécialité c’est qu’elle ne se limite ni à une période, ni à un espace géographique, ni à un domaine d’expertise. Les applications sont donc multiples.
Les différents professionnels de l’archéologie préventive avec qui vous travaillez sur vos projets ?
Je suis amenée à travailler avec de nombreux partenaires : Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), Monuments historiques, Services et entreprises d’Archéologie, CNRS, INRAP, EVEHA, ARCHEODONUM Architectes du Patrimoine, Communes, Associations, Particuliers… J’ai également noué des collaborations avec des chercheurs étrangers, notamment en Israël et aux Etats-Unis.
Le projet ou la collaboration la plus marquante de votre carrière ?
Il est difficile de faire des choix, j’ai une longue carrière derrière moi. Je pense déjà à mes débuts, à cette chance que j’ai eu d’intégrer le programme sur les épaves antiques. Depuis, chaque chantier est une découverte. En effet, au-delà du caractère remarquable des sites sur lesquels j’ai pu collaborer, j’aime apprendre, découvrir de nouvelles utilisations du bois. C’est la chance que j’ai avec ce matériau qui sert à la fois à des constructions monumentales (comme le vivier augustéen de Narbonne, l’échafaudage du pont Mansart, ou des poutraisons de châteaux et d’églises), à des petits aménagements (fascine, pêcherie) ou pour la fabrication de petits objets (peigne, bol, semelle de chaussure). Au-delà de la datation des bois, il est important pour moi de retrouver le geste et l’intention dans leur mise en œuvre, et plus largement de réfléchir sur l’interaction homme et milieu à travers l’usage des bois, notamment à travers les déchets de coupe.
Les raisons qui vous ont conduites à adhérer à la FEMAP ?
C’est tout d’abord l’envie de partager, j’ai une spécialité plutôt solitaire, même si j’échange avec d’autres dendrochronologues et avec des archéologues. J’éprouve un réel besoin d’être au fait de ce qui se passe dans le milieu plus global de l’archéologie. Intégrer la FEMAP, c’est donc l’opportunité d’être associée à un vaste réseau et ainsi pouvoir promouvoir ma spécialité et m’enrichir de celle des autres.
Vos projets à venir ?
Actuellement je travaille sur plusieurs projets qui témoignent de la variété des domaines d’application de ma spécialité. Des déchets de coupes découverts dans la région de Metz (57), à la poutraison d’une église parisienne (75) et d’une chapelle à Ollioules (83), j’étudie également les pièces de charpente d’une épave de bateau découverte à Villefranche (06).